L'étiquette revêt une importance de premier ordre dans la culture du iaido - et des arts martiaux en général - et réclame autant d'attention, de concentration et de perfectionnisme que la réalisation des kata.
En japonais cette notion de d'étiquette est véhiculée, entre autre, par ces termes :
L'étiquette - la codification du comportement dans le dojo - exprime tout autant la rigueur et le respect de l'enseignant envers les élèves, des élèves envers l'enseignant, des élèves entre eux mais également le respect pour l'art martial pratiqué et tout ceux qui ont transmis leur savoir depuis de nombreuses générations. Garante nécessaire de la sécurité lorsque l'on pratique avec des sabres, elle offre aussi un cadre et un état d'esprit à la pratique du iaido.
J.L. Jazarin (7e dan judo) explique qu'il s'agit d'une discipline qui sert sans asservir, libérant l'homme de ses défauts et lui permettant d'accéder à une recherche sincère du soi et de l'autre. Le sujet de son livre est bien sûr le judo mais son propos s'applique admirablement bien à notre art martial :
En effet, cette discipline de respect, de rappel incessant, conscient ou non, du but profond du Judo, donne un sens précis à tout ce que l'on va faire dans cette enceinte et, même ceux qui sont les plus fermés à cette compréhension, ne peuvent pas ne pas le sentir au moins confusément.
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Imaginons ce que serait un Dojo dans lequel personne ne saluerait, ni le tapis, ni la salle, ni le maître, ni le partenaire, où le silence ne serait pas respecté, où l'on s'interpellerait avec plus ou moins de vulgarité, serait-ce encore un Dojo ? Serait-ce toujours du Judo ?
Cette image, à contrario, nous fait toucher du doigt, combien le véritable Judo est lié à son étiquette rigoureuse. Ces conditions, apparemment extérieures, sont une des disciplines fondamentales dont l'incidence sur notre caractère est grosse de conséquences.
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Avant ces discplines, l'homme s'imaginait qu'être libre c'était s'abandonner à toutes les impulsions, se aller à ses instincts. Après s'être soumis à ces disciplines, il se rend compte que cette pseudo-liberté n'était qu'un esclavage par lequel l'homme véritable, incapable de résister à ses impulsions, était dans l'impossibilité d'être vraiment lui-même. Discipliné par la pratique continue de l'étiquette du Judo, il découvre une nouvelle liberté qu'il ne connaissait pas. Ses instincts sont mis à leur place. Ils servent l'homme sans l'asservir.
(extrait de Judo école de vie / Les disciplines de base)
Entrée du Dojo
Se déchausser (les chaussures et zori doivent être alignées perpendiculairement au tatami ou placés dans des mobiliers adaptés).
Saluer le Shômen (ou Shinza)
Se déplacer sans bruit en veillant à la sécurité de chaque pratiquant présent.
Début du cours
Positionnement :
Les élèves sont alignés du plus haut gradé au moins gradé, de la droite vers la gauche, face au Shômen.
Le professeur fait face à ses élèves, tournant le dos au Shômen.
Codification du protocole proprement dite ("ordre prononcé") :
Fin du cours
Pour toute entrée et sortie du dojo durant le cours/stage, le shômen doit être systématiquement salué.
L'étiquette et tout ce qu'elle implique ne revêt en aucun cas un caractère religieux ni sectaire. En occident, selon l'approche de chacun, elle peut avoir, ou non, un aspect spirituel dédié au développement personnel.
Shômen, Shinza
Le shômen 正面 ("mur de face") est le mur d'honneur du dojo. Au Japon, dans les dojo consacrés (culte Shintô) ou situés dans l'enceinte de temples bouddhistes, il peut s'agir d'un autel, de la représentation des kami auquel cas l'on parle de shinza 神座 ("autel"). En occident le shômen est souvent matérialisé par le portrait d'un maître éminent dans l'art (ou de l'école) pratiqué voir d'une calligraphie représentant les valeurs dudit art.
Le shômen symbolise tous les pratiquants qui se sont succédés dans le dojo et impose le respect envers nos prédécesseurs et les valeurs transmises.
Kamiza
Le kamiza 上座 ("assise haute") est une estrade sur laquelle le maître est assis pour observer le travail de ses élèves. Comme le shinza, ce n'est quelque chose que l'on rencontre que dans les dojo traditionnels.
Seiza
Seiza 正座 ("assise correcte") est une position assise formelle utilisée par les japonais. Tout élève est tenu de s'y conformer, hormis les personnes ayant des contraintes d'ordre physique.
Mokuso
Le mokuso 黙想 ("pensée silencieuse") est une phase de méditation avant et après chaque cours. Il permet de laisser derrière soi les turpitudes du quotidien, de faire le vide et d'appréhender l'éveil. C'est, à minima, un processus mental qui permet d'aborder le cours dans les meilleures dispositions.
Rei
Rei 礼 ("salut") désigne la manière traditionnelle de saluer (ou remercier) au Japon. Debout, le dos droit et les mains sur les côté, l'on baisse les yeux et se penche en avant (plus ou moins suivant le niveau de politesse). Un salut assis est considéré comme très formelle.
Le salut au sabre
Le sabre est un objet sacré pour les japonais qui véhicule une histoire et des valeurs. Cet instant se doit d'être solennel et sincère. S'il n'est plus question de vie ou de mort dans le monde contemporain, il permet le développement de soi au travers d'un travail répétitif ciblant la perfection du geste sans, pour autant, jamais l'atteindre.
Enfin, l'étiquette est garante de la transmission des valeurs suivantes :
Courage
Loyauté
Politesse
Modestie
Contrôle de soi
Respect
Bienveillance