Parce qu'il s'agit d'une voie martiale, qu’il n’y a pas d’adversaire réel et que l’objectivité du jugement peut être toujours un sujet de débat, la compétition est un aspect peu présent dans le Iaido. Certains estiment qu’elle n’a pas sa place. Si un résultat en compétition devient un objectif voir un aboutissement, il est en effet certain que cela dénature la pratique.
Dans une autre discipline, le kyudo (tir à l'arc japonais), voilà ce qui est dit à propos de la compétition :
""Le but de la compétition n'est pas de créer un perdant. On doit avoir du respect pour les autres candidats engagés. Considérer qu'il s'agit
de battre un adversaire ou vouloir gagner à toutes fins, quitte à y perdre sa stabilité spirituelle, n'est pas correct. Garder un esprit serein au plus fort de la compétition,
c'est cela pratiquer le vrai Kyudo."
(Manuel de Kyudo, page 17)
En effet la compétition doit être un outil. Elle permet de se situer dans sa progression ou encore d’apprendre à gérer la pression. Comme toute rencontre, une compétition peut aussi être
l'occasion d'un échange. Pourquoi pas chercher de l'inspiration chez des pratiquants plus avancés que soi ?
Enfin, au même titre qu’un Embu ou un passage de grade, c’est surtout une occasion pour essayer exprimer pleinement son Iai. N'attachons pas trop d'importance aux résultats et essayons tout simplement d’y prendre du plaisir.
Cette page présente les grandes lignes du déroulement des compétitions en Iaido. Les informations sont données à titre informatif et n’ont pas pour ambition de servir de référence. Il est habituel qu’un premier match de démonstration soit réalisé en début de compétition, il est important d’y porter attention et prendre note du protocole applicable.
Textes de référence (en français) par le CNKDR :
Texte de référence (en japonais) par l'AJKF/ZNKR :
En Iaido, le combat est symbolique. Les matchs se font à 1 contre 1, chacun devant réaliser une série pré-définie de plusieurs kata sur un shiaijô (試合場) distinct. En individuel, les matchs se font habituellement entre des personnes de même grades, mais rien n’interdit d’avoir des formats de compétition qui réunissent plusieurs grades dans une même catégorie ou qui ne tiennent pas compte des grades.
Au Japon, du fait d'un grand nombre de participants, il existe aussi un format de match avec 3 adversaires en même temps. Un 4ème arbitre est alors présent pour permettre de trancher en cas d'égalité (dans le cas où les 3 arbitres voteraient pour une personne différente).
Autre adaptation possible lorsque que le temps est limité, celle où les adversaires entrent directement en taitô shisei (帯刀姿勢, sabre à la ceinture) plutôt qu'en keitô shisei (携刀姿勢, sabre à la main) dans le shiaijô. Cela enlève les protocoles de début et de fin, et les matchs sont ainsi plus courts.
Le shiaijô est donc le lieu où se déroule le "combat". Il fait 7m x 3m. Une marque dans le shiaijô indique la position de référence où se fait le salut, kaishisen (開始線). Une marque à l’extérieur indique la position d’attente avant d’entrer, taikisen (待機線). Le shiaijô de gauche est rouge, celui de droite est blanc.
Le vainqueur est déterminé par le vote des 3 arbitres. Au centre, l'arbitre principal shushin, 主審, et 2 arbitres assistants fukushin, 副審. A la fin du combat, les arbitres disposent de drapeaux rouge et blanc pour annoncer leur décision. La personne qui a le plus de drapeaux, qui a le mieux exprimé ses kata aux yeux des arbitres, remporte le match.
L'étiquette impose d'être présent, et de rester en tenue, durant toute la compétition du salut de début jusqu'au salut de fin qui est effectué après la remise des prix.
Concernant la tenue, le livret d'arbitrage spécifie explicitement que, la tenue doit être noire ou blanche, le gi (veste) avec des manches serrées (pas de manche de kimono) et un zekken (ou nafuda, 名札) doit indiquer le nom du participant.
Les compétitions se déroulent habituellement en 2 partie. Une partie de qualification sous forme de poule et, pour les personnes qualifiées, une phase finale (tableau) par élimination directe.
Avant le match, les adversaires se saluent en dehors du shiaijô. Dans le cas d’une poule l’ensemble de la poule se salue. Le salut se fait assis, sabre à gauche, les 2 mains en même temps « onegai shimasu » (お願いします, s'il vous plait).
L'attente se fait en dehors du shiaijô, au signe de l’arbitre central, les adversaires avancent jusqu’au repère dans le shiaijô.
Attention, lors du salut assis, les genoux ne doivent pas dépasser de la marque, la bonne position est donc un peu en retrait de la marque.
La position de départ et de fin de chaque kata doit toujours être au même endroit. La taille du shiaijô est suffisante pour réaliser tous les kata, il ne devrait pas
être nécessaire de se décaler par rapport à la position de départ.
Pour le match d’ouverture, un salut supplémentaire est fait dans la direction shomen (正面, vers l'avant) ou dans celle d'un kamiza (神座) si il est présent. Il est réalisé avec les arbitres avant le match. Similairement pour le match de clôture, un salut supplémentaire est fait à la fin de match avec les arbitres.
Le match commence au « hajime » (初め, début) de l’arbitre central :
Les protocoles consistent en un salut debout au shomen et un salut assis au sabre. Pas de mokusô (méditation) !
Les protocoles doivent être réalisés assez prestement de manière à avoir le temps d’exprimer au mieux ses kata. En particulier sur le format 4 minutes / 3 kata qui est en pratique assez court.
Les kata sont théoriquement tirés au sort, dans la pratique certains kata sont plus fréquents que d’autres. Mais n’importe quel des 12 kata du seitei iai peut tomber dès le niveau kyû et le premier kata n’est pas forcement mae. Il est donc nécessaire de les connaître tous ! Pour grades plus avancés, les 1 ou 2 premiers kata sont parfois des kata école, koryû. Ils alors sont au choix du participant.
Cependant, il arrive que les kata soient totalement libres dans certaines compétitions.
Une fois que les participants ont terminé leurs kata et effectué le protocole de fin, l'arbitre central annonce le résultat « hantei » (判定, décision) puis « shôbu ari » (勝負有り, le résultat a eut lieu).
L'adversaire qui a le plus de drapeaux remporte le match.
En cas de dépassement de temps ou d'erreur de kata, une concertation est faite avant d'annoncer le résultat « gogi » (合議, concertation). Le fait de dépasser le temps est normalement éliminatoire sauf si les 2 adversaires dépassent le temps.
Une fois le résultat annoncé, les adversaires quittent le shiajô en reculant de 3 pas avant de se retourner pour sortir.
Il serait malvenu que des saya se touchent, le sabre étant placé à gauche (qu'il soit passé ou non dans le obi), il faut donc contourner à gauche la marque d'attente.
Après le match, les adversaires (ou la poule) se saluent à nouveau. Comme au début, le salut se fait assis, sabre à gauche, les 2 mains en même temps « dômo arigato » (どうも有難う, merci beaucoup).
Un format de compétition par équipe de 3 existe aussi en Iaido. Par rapport à la compétition individuelle, elle offre la possibilité de construire une harmonie de groupe où chaque membre
va pouvoir s'appuyer sur ses partenaires pour construire une victoire globale. Elle permet aussi des opportunités stratégiques dans l'ordre de passage en fonction d'affinité avec les
kata ou ... de l'équipe adverse. A noter que l'ordre de passage doit être fixé et annoncé avant.
Habituellement, la règle est que la somme des dan des membres d'une équipe doit être inférieure ou égale à 10.
Un match se compose donc de 3 combats indépendants avec 3 drapeaux à chaque fois. L’équipe qui remporte le plus de drapeaux gagne le match. Le protocole n’est pas pris en compte dans le jugement, mais un protocole fait dans les règles et harmonieusement par l'équipe donnera assurément une impression positive aux arbitres.
Lorsqu'il n'est pas possible d'être 3, il est toléré de faire une équipe à 2. Dans ce cas, la place du milieu (chûken) est obligatoirement laissée libre et les 3 drapeaux de ce combat sont attribués automatiquement à l'équipe adverse.
Les kata sont tirés au sort. Les kata du deuxième combat (chûken) sont généralement des kata debout. Ceci permet à une personne ayant des difficultés à s’asseoir en seiza de participer aux compétitions au sein d'une équipe.
Le déroulement d'un match est le suivant. Premier combat (Senpo) :
Deuxième combat (Chûken):
Troisième combat (Taishô) :
Bien sûr, similairement à ce qui se fait en individuel, les équipes se saluent avant et après le match.
Les équipes attendent en ligne, les premiers membres (senpo) au niveau de la ligne d'attente (taikisen), les autres derrière.
Au signal de l'arbitre central, l'ensemble des membres des équipes avance. Les premiers membres entrent alors dans le shiaijô afin de réaliser le premier combat. Les deuxièmes se placent en attente au niveau de taikisen et les troisièmes derrière.
Au « hajime » de l'arbitre central, les 2 membres dans le shiaijô effectuent leur combat.
En commençant par le protocole de début (salut au shômen puis salut au sabre) pour le premier combat. En finissant par le protocole de fin pour le troisième et dernier combat.
Concernant le protocole du début, si le premier kata du premier combat est mae, les membres de l'équipe ne se relèvent qu'à la fin du kata après le nôtô. Si il s'agit d'un autre kata, il faut se relever directement à la fin du protocole.
Le résultat est annoncé, « hantei shôbu ari », à la fin du dernier kata pour les 2 premiers combats, ou après du protocole de fin pour le troisième et dernier combat.
Le temps n'est pas décompté lors d'une compétition par équipe. Il est donc possible de prendre un peu de temps, marquer du zanshin, afin de réaliser les protocoles de manière synchronisée ou durant l'expression des kata.
A la fin d'un combat, les combattants sortent du shiaijô en reculant de 3 pas avant de se retourner et viennent se replacer en dernière position.
les combattants pour le match suivant entrent alors dans le shiaijô. Ceux qui étaient derrière viennent attendre au niveau de taikisen.
Après le dernier combat, les 2 combattant quittent le shiaijô, et les autres emboîtent le pas derrière avant d'aller se saluer.
Finalement tout cela est assez logique, non ?