Un peu de détente et d’aventure avec, entre autre, quelques histoires de samouraï ... ou plus souvent de ronin !
Des histoires à lire ou à voir, mais bien sûr toujours en rapport avec les arts du sabre ou plus généralement les voies martiales.
La pierre et le sabre (tome 1) - La parfaite lumière (tome 2) / Eiji Yoshikawa
J’ai lu (édition de poche)
Présentation : "Dans le Japon du XVII siècle, Miyamoto Musashi, jeune homme fougueux, n'aspire qu'à se battre. Recherché dans tout le pays, il est recueilli par un moine et
n'a bientôt plus qu'un but : tendre à la perfection grâce aux arts martiaux. Son sabre sera désormais serviteur du bien. Il ira de combats en conquêtes à la recherche d'amour et de sagesse,
épaulé par le chant de sa tendre Otsu."
Commentaire : Ce roman nous emmène dans les pas de Miyamoto Musahi sur les chemins (malfamés) du Japon du début de l’époque Edo. L’on croisera avec un certain
plaisir Takuan Sôhô, le clan Yagyû ou Gonnosuke Musô (fondateur du Jodo).
Aucune volonté d’exactitude historique, Eiji Yoshikawa prend le parti d'une vision très romancée de la jeunesse de Miyamoto Musashi. Qu'importe la légende ayant pris le pas
depuis longtemps sur les faits. C'est donc un grand roman d'aventure remplit de rebondissements en tout genre qui évoque, pour nous français, les œuvres d’Alexandre Dumas par
exemple.
Mais l'auteur montre aussi le cheminement, et une forme de rédemption, de Takezô l’adolescent impulsif et violent vers un Musashi humble et introspectif et totalement dévoué à une quête ascétique
de la voie du sabre.
Ces romans ont été adaptées notamment en film (la trilogie Musashi de Hiroshi Inagaki avec Toshiro Mifune) ou en manga (Vagabond de Takehiko Inoue).
La voie de l'archer / Paulo Coelho
J'ai lu (édition de poche)
Présentation : "Face à l’archer d’exception venu se mesurer à lui, le maître Tetsuya donne bien plus qu’une leçon de tir à l’arc et fait une formidable démonstration des pouvoirs insoupçonnés de son art. Un jeune garçon du village, témoin de ce coup d’éclat, insiste pour qu’il lui transmette son savoir. Le maître l’avertit : il veut bien lui apprendre les règles nécessaires, mais à lui ensuite de les faire siennes pour devenir un homme meilleur"
Commentaire : Le livre est construit comme un conte mais tout cela n’est qu’un prétexte pour évoquer le principe d'une Voie. Il est question ici de kyudô, la voie de l’arc japonais. Cependant la cible n’est pas une finalité et l’arc ou les flèches ne sont que des outils, prolongement de soi, permettant de se réaliser. Il est donc certain que tous les pratiquants d'art martiaux peuvent se retrouver dans le propos de Paulo Coelho.
D'un style simple et fluide, La Voie de l'Archer est une lecture très agréable. Avec une centaine de pages, elle est malheureusement aussi très courte.
A noter que des élégantes illustrations de l'artiste Christophe Neimann ponctuent l'histoire (elles sont présentes aussi sur l'édition de poche).
Sanjuro / Akira Kurosawa
1962 / Tôhô
Présentation : "Neuf jeunes samouraïs décident de s'attaquer à la corruption dans leur clan. Leur candeur et leur naïveté interpellent un samouraï vagabond, expérimenté mais
d'une nature terre-à-terre et cynique. Celui-ci va leur éviter une mort certaine en leur offrant son aide."
Commentaire : Film de commande suite au succès de Yojimbô dans lequel Toshiro Mifune réendosse son costume de vagabond qui lui va si bien. Même recette, un
turbulent mélange de second degré et de combats. Si le body-count (quantité de personnes tuées) y est élevé, il y a toujours en fond cette lumière
d’humanité qui traverse toute l’oeuvre d'Akira Kurosawa : "les vrais sabres restent dans leur fourreau" se verra reprocher Sanjuro.
Pratiquant émérite, la maîtrise dont fait preuve Toshiro Mifune dans l’art du sabre est étonnante, notamment dans le spectaculaire et mythique duel final. Comme dans Yojimbô, il est d'ailleurs opposé à nouveau à un surprenant Tatsuya Nakadai. Acteur que l’on retrouvera en tant que ronin dans Harakiri ou en daimyô dans Ran !
Sur la forme, Kurosawa fait encore et toujours preuve d'inventivité dans la mise en scène et le montage. La séquence avec le jeu des portes coulissantes est un moment magique de cinéma.
Harakiri - Seppuku / Masaki Kobayashi
1962 / Shōchiku
Présentation : "Au début de la période d'Edo, le rōnin Hanshiro Tsugumo se présente au château du clan Ii. Le rōnin explique que réduit à la misère depuis la perte de son statut de samouraï, il souhaite mettre honorablement fin à ses jours en pratiquant le seppuku, un suicide rituel. Mais avant, il souhaite raconter son histoire..."
Commentaire : Si le cinéma peut nous montrer ce qu'il y a de plus beau chez l'homme, il peut aussi nous montrer ce qu'il y a de plus noir. Le film est littéralement habité par un Tatsuya Nakadai aussi méconnaissable que terrifiant et porté par la réalisation de Masaki Kobayashi d'une rigueur et d'une maîtrise qui transparaît dans chaque plan.
Construit comme un puzzle dont les pièces s'assemblent petit à petit, c'est aussi un scénario qui tient le spectateur en haleine jusqu'à la dernière scène et l'entraîne dans une chute vers les tréfonds de l'âme humaine. Primé au Festival de Cannes 1963, Harakiri (Seppuku en japonais) est aussi beau que glaçant, et fait parti de ces films dont on ne ressort pas indemne.
Pour le pratiquant de Iai, impossible de ne pas relever la dernière phrase du film "tsune ite kyû ni awasu" dont il est dit qu'elle est la devise du clan Li et qui se trouve être l'origine même du terme iai.
Film réalisé dans une période de contestation sociale, le propos doit être compris comme une critique des castes, prêtes à tout pour conserver l'ordre établi et les apparences. Sur le plan historique, il reste cependant pertinent et rejoint les visions assez négatives sur la période Edo, comme celle d'Olivier Ansart dans son essai sur l'Imposture du Bushidô.
Un remake moderne a été réalisé par Takashi Miike en 2011, mais préférez l'original à la copie !
Après la pluie – Ame agaru / Takashi Koizumi
1999 / Divers
Présentation : "Alors qu'une terrible tempête fait déborder la rivière, de nombreux voyageurs sont bloqués dans une auberge isolée. Parmi ces voyageurs se trouve un samouraï
sans maître du nom d'Ihei Misawa, accompagné de sa femme Tayo, qui excelle dans l'art du sabre.
En empêchant un duel inutile, Ihei est remarqué par le daimyo Nagai Izuminokami Shigeaki, qui lui propose de devenir le maître d'armes de son fief."
Commentaire : Akira Kurosawa est décédé avant d’avoir pu réaliser ce film. C’est finalement son assistant, Takashi Koizumi, qui se chargea de le
mettre en image. Si la réalisation n’en a pas le génie du maître, le film reste cependant très beau et de nombreuses scènes évoquent irrésistiblement les estampes de Hiroshige (en particulier sa célèbre série sur les relais du Tokaidô).
Surtout, l’esprit bienveillant d'Akira Kurosawa plane tout au long de l’oeuvre avec une tendresse et une humanité omniprésentes. Sans aucune niaiserie, les héros de Kurosawa sont bons, justes, sincères, et, même le personnage excessif et arrogant du daimyô n’est pas foncièrement mauvais.
Accessoirement, le personnage principal pratique le iai et le film se paie même le luxe de nous offrir une scène d'entraînement au fukuro-shinai !