Fermé par le obi, avec ses 2 pans rabattus formant un col en V et ses longues manches, le kimono fait parti de ces emblèmes qui évoque immédiatement le Japon. Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac le met à l'honneur dans le cadre d'une très belle exposition visible du 22 novembre 2022 au 28 mai 2023.
Petit aparté avant d’entrer dans le vif du sujet, les pratiquants que nous sommes seront nécessairement plus familiers avec le keiko-gi, la veste d’entraînement. Souvent confondue avec le kimono, sa longueur plus courte et ses manches serrées la différencie pourtant. Dans les arts martiaux, le kimono reste cependant parfois porté en certaines occasions dans quelques disciplines comme le Iaido ou le Kyudo.
Au travers de près de 200 pièces et accessoires d'époques diverses, le kimono est ici abordé par le prisme de la mode. La thématique de l’exposition est de montrer que ce vêtement traditionnel a toujours vécu avec son temps. Influencé par son époque, si son évolution est d’abord un reflet de celle de la société japonaise, le kimono a aussi influencé le monde bien au-delà des frontières du Japon.
L'exposition propose ainsi un parcours historique qui démarre au début de l'époque Edo. L’unification finale du Japon par les Tokugawa assure une stabilité politique et permet un essor économique important du pays. La population s’urbanise donnant naissance à une classe bourgeoise de commerçants. Tissus précieux, décors fastueux ou provocateurs, c’est la création d’une culture de la mode à destination de riches populations (commerçants, samouraïs, courtisanes) désireuses de s'affirmer notamment par l’habit. Popularisées par des acteurs de Kabuki, les dernières tendances se diffusent au travers des estampes.
Le sakoku (la politique isolationniste du Japon) n'empêchant pas totalement les échanges, parmi les curiosités visibles dans l’exposition, il y a aussi ces kimono importés en Europe par les marchands hollandais, ancêtres des robes de chambre modernes.
L'ouverture forcée par les occidentaux au milieu du 19ème siècle, verra l'adoption de nouvelles techniques, l'industrie se modernise et les échanges commerciaux se développent. Alors que le costume occidental devient un symbole de la modernité au Japon, en retour, en Europe et dans d'autres pays du monde naît une vogue japonisante qui popularise le kimono en dehors du Japon.
Au début du 20ème siècle, l'industrialisation rapide du pays assure sa croissance, le grand Japon s'affirme comme une puissance militaire et les kimono se parent de thématiques militaires, technologiques ou s'inspirent des mouvements artistiques de l'époque.
La dernière partie de l'exposition s'intéresse au renouveau du kimono. De son rôle folklorique où il fut cantonné dans l'après-guerre, il s'émancipe sous des formes diverses notamment en symbole pop utilisé par des artistes. Il rencontre désormais un regain d'intérêt. Formel, informel, traditionnel, moderne ou résolument fun, le kimono est décliné par des créateurs et artisans contemporains dans une infinité de variations. Coup de coeur personnel, la série Wafrica du créateur Serge Mouangue en utilisant des tissus africains.
Bien présentée, didactique et richement dotée, l'exposition Kimono vaut assurément le coup d’oeil. Un article plus détaillé sur le sujet sera d'ailleurs proposé dans le prochain numéro du Kendo Magazine. Un des messages passé au travers de l'exposition est que, si le kimono a une histoire et peut être admiré en tant qu'oeuvre, c'est aussi un vêtement fait pour être porté et qui a encore une place dans le monde actuel. Et pourquoi pas à l'occasion d'une Sayonara Party (repas conviviaux organisés lors des grands stages ou compétitions) ? Chiche !
Benjamin
Crédits photos : V&A Museum, Musée du Quai Branly, P. Magnon, Benjamin